SYRIE : regain de violence (Veille Stratégique)
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Photo: Bakr Alkasem / AFP |
Une escalade brutale sur la côte syrienne
Le point de départ de cette flambée semble remonter au début
du mois, lorsque des incidents isolés dans les régions alaouites de Lattaquié
et Jableh, bastions historiques du régime Assad, ont dégénéré en combats
ouverts. Dans la nuit du 6 au 7 mars, la situation a atteint un pic dramatique
: plus de 70 personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors
d’affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des miliciens
pro-Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). À Lattaquié,
des manifestations de soutien aux habitants de Jableh, violemment réprimées,
ont exacerbé les tensions, tandis qu’à Qardaha, ville natale d’Assad, des
civils armés ont pris un poste de contrôle après des heurts avec des éléments
loyalistes.
Ces violences ne se limitent pas à la côte. À Homs,
épicentre stratégique au centre du pays, la nuit du 6 mars a été marquée par de
grandes manifestations pro-gouvernementales, suivies d’attaques meurtrières
attribuées à des partisans de l’ancien régime. Au moins 30 membres des
nouvelles autorités auraient péri dans ces assauts, selon des témoignages
relayés sur place. Les images de bâtiments en flammes et de foules en
colère circulant sur les réseaux sociaux témoignent d’un chaos grandissant.
Les fantômes du passé refont surface
Ce regain de violence n’est pas une surprise pour les
observateurs. Depuis la prise de pouvoir par HTC en décembre 2024, les régions
alaouites, où la famille Assad et ses fidèles conservent une influence, sont
restées un foyer de résistance. Les nouvelles autorités ont lancé une campagne
d’arrestations massives pour neutraliser ces poches loyalistes, mais cette
stratégie semble avoir attisé la colère. « Les forces de sécurité ont mené des
opérations extensives pour déloger les militants pro-Assad, mais cela a
déclenché une riposte féroce », note l’OSDH. À cela s’ajoute la frustration
des minorités, notamment les Druzes dans le sud et les Kurdes dans le nord-est,
qui redoutent une marginalisation sous un régime dominé par des islamistes
sunnites.
Les violences sectaires, spectre jamais loin en Syrie,
refont surface. À Homs, des enlèvements et exécutions extrajudiciaires visant
des civils soupçonnés de sympathies pro-Assad ont été signalés depuis le début
du mois, avec un bilan d’au moins 64 victimes depuis décembre. Ces actes,
parfois attribués à des factions mal contrôlées par HTC, risquent de fracturer
davantage une société déjà divisée.
Une transition sous pression
Pour le gouvernement intérimaire, ce regain de violence
constitue un test majeur. Ahmed al-Charaa, président par intérim, avait promis
une transition inclusive lors de la Conférence du dialogue national fin février. Mais les événements récents fragilisent cette ambition. HTC, qui a dissous
ses factions armées en janvier pour les intégrer dans une institution militaire
unifiée, peine à imposer son autorité face à des groupes armés autonomes et à
des loyalistes déterminés. « La Syrie entre dans sa nuit la plus chaotique
depuis des mois », constatait un analyste sur le terrain dans la soirée du 6
mars.
Sur le plan international, les réactions restent prudentes.
La France et l’Allemagne, dont les ministres des Affaires étrangères ont
rencontré al-Charaa en février, appellent à une désescalade, tandis que la
Russie, ex-alliée d’Assad, voit son influence décliner sans pour autant
abandonner ses bases stratégiques. Israël, qui surveille de près le chaos
syrien, maintient ses frappes ciblées sur des sites militaires pour empêcher
leur récupération par des factions hostiles.
Un avenir incertain
Depuis le 1er mars, les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 100 morts, des dizaines de blessés et un sentiment d’insécurité qui gagne du terrain. Si le retour de plus d’un million de réfugiés entre janvier et mars avait nourri l’espoir d’une reconstruction, ce nouvel embrasement menace de tout remettre en cause. À Damas, les vols intérieurs, repris en décembre, pourraient à nouveau être suspendus si la situation s’aggrave. La Syrie, à peine sortie d’un cauchemar, semble vaciller au bord d’un nouvel abîme.
Sources :
AFP, « Plus de 70 tués dans des combats entre forces de
sécurité et militants pro-Assad », 7 mars 2025.
@medzfight (X), « Affrontements à Qardaha et manifestations
à Lattaquié », 7 mars 2025.
@ArthurSarradin (X), « Manifestations et attaques à Homs »,
7 mars 2025.
AFP, « Mise à jour : combats féroces font 48 morts », 7 mars
2025.
Ouest-France, « Enlèvements et exécutions à Homs », 3 mars
2025.
Le Monde, « Conférence du dialogue national à Damas », 28
février 2025.
@CdricLabrousse (X), « Nuit chaotique en Syrie », 6 mars
2025.
Franceinfo, « La France prend contact avec le nouveau
pouvoir », 13 février 2025.
Franceinfo, « Israël mène des attaques massives en Syrie »,
10 décembre 2024.
Euronews, « Premier vol intérieur depuis la chute d’Assad »,
18 décembre 2024.
La Syrie rejoint la longue liste des pays où les occidentaux ont foutu leur nez ces quarante dernières années.
RépondreSupprimerSur le site Les Conflits en Cartes, sur sa dernière vidéo traitant du Proche-Orient et de la Syrie, vous avez les liens concernant les exactions d'HTS sur les alaouites, âme sensible s'abstenir, ils assassinent des civils innocents en les regroupant.
RépondreSupprimerTout ceci se passe près des bases militaires russes positionnées en plein milieu du pays alaouite historique.
Au Sud, les druzes réclament leur indépendance par rapport à Damas, attention ils seront épaulés par Israël sur ce coup si HTS se fâche et peut être que Tel-Aviv marchera sur Damas un jour.
L’État Islamique tape sur les kurdes à l'Est de la Syrie qui sont soutenus par les USA.
Un beau bazar, encore un pays qui s'effondre sous nos yeux.