Une remarque latérale mais importante de ‘‘Big Serge’’ : « les drones ont permis d’envelopper verticalement les forces ennemies [ukrainiennes dans le saillant vers Koursk], isolant les groupes de première ligne avec une surveillance persistante sur les routes d’approvisionnement. C’était une caractéristique qui manquait largement à Bakhmut, où les forces russes utilisaient encore préférentiellement l’artillerie à tubes.»
Donc les Russes ont appris, pour certaines actions, à privilégier les drones sur l’artillerie (sans abandonner celle-ci !). Une bascule effectuée en quelques mois : leur industrie a pu suivre. Les canons type Caesar, qui changent d’emplacement après quelques tirs, ont sans doute encore leur pertinence. Mais, s’ils peuvent être repérés puis détruits avant d’avoir tiré, l’avantage qu’ils confèrent se trouve réduit. Côté occidental, la même bascule n’a bien sûr pas été effectuée. De ce côté, le manque de missiles hypersonique n'est pas la seule carence.
La bascule n'a pas "encore" été faite pour la simple raison que c'est l'occident qui a initié la révolution des drones. Dans les premiers mois de cette guerre presque personne ne parlait de drones, uniquement d'artillerie, d'AD et d'atgm. On riait même des drones Turcs si efficaces en Arménie et quasi neutralisé là. Mais c'est avec l'utilisation massive des drones que les Ukrainiens ont paralysé les Russes. Les Russes ont dû s'adapter, c'est bien, mais ils ne sont pas les initiateurs de cette révolution. L'occident n'a pas à faire de bascule, il est déjà pleinement dans cette course là où il avait une belle avance. Servi par un ISR sans commune mesure avec son concurrent russe qu'il domine de la tête et des épaules. Attention à ne pas commettre les mêmes fanfaronnades dedaigneuses et fallacieuses que les propagandistes russophobes.
Effectivement cela fait des années qu'il est question de drones d'attaque en Occident, et d'attaques en essaim. La théorisation est abondante, mais très science fiction. Les USA ont certes multiplié les assassinats ciblés au moyen de drones sous Obama. Mais c'est d'autres machines qui sont employées sur le champ de bataille. Qu'en est-il de la disponibilité de ces matériels spécifiques en Occident ? S'ils existaient sur étagère et prêts à l'emploi, ils auraient déjà été employés en Ukraine. La Russie s'est rendue capable d'en disposer en quantité industrielle, de les tester et améliorer en continu. Elle a donc pris un avantage si elle devait affronter l'Occident. Pour combien de temps ? C'est une autre question.
A partir de l'intervention américaine en Afghanistan de 2002 dès suites du 11 septembre 2001, le drone a pris toute sa part dans les forces militaires occidentales. Il suffit de lire les témoignages des pilotes de chasse occidentaux envoyés en Afghanistan et en Irak durant les années 2000. Bon nombre ont failli télescoper du drone dans les zones de combat. Barack Obama est le président américain ayant le funeste record des dommages collatéraux infligés sur des populations civiles dès suites des frappes de drone. L'affaire Édouard Snowden l'atteste ou l'affaire WikiLeaks avec Julian Assange.
Nous, on s'y est vraiment mis à partir des années 2010 avec l'opération Serval au Mali. Les gigantesques espaces à surveiller dans la bande sahélo saharienne nécessitait l'usage impératif du drone. A ce titre un escadron de drones fut créé dans notre armée de l'air, le 1/33 Belfort basé à Cognac équipés de drones US MQ-9 Reaper. Au départ on s'interdisait de les utiliser pour balancer des bombes guidées, on ne les utilisait que pour faire de la reconnaissance. Par la suite on s'est mis à la doctrine américaine car cela coûte moins cher d'envoyer du drone sur place que des avions de combat avec des citernes volantes. Le chasseur d'attaque au sol restant indispensable dans l'urgence d'une situation car le drone se déplace plus lentement pour intervenir. Ainsi, le drone et l'avion de chasse sont devenus complémentaires.
Guerassimov explique l'usage du drone dans sa doctrine de la guerre hybride de 2013. Les russes en fabriquaient, ils les utilisent en Syrie à partir de 2015. Les ukrainiens fournissaient les moteurs pour les drones lourds Bayraktar turcs et en possédaient 50 avant le début des hostilités. Le drone était inconnu pour personne en réalité, l'idée date de la première guerre mondiale, les premières réalisations de la seconde.
Le drone remplace le vide démographique militaire de nos civilisations occidentales. Les formations des équipages de droniste sont moins chères à financer et durent moins longtemps que la formation d'un pilote de chasse. Le coût d'exploitation d’une armée équipée avec des drones est sans commune mesure avec le coût d'une armée traditionnelle qui n'en serait pas équipée. Il est devenu un couteau suisse idéal et indispensable en réalité. L'avenir grâce aux nouvelles technologies est devant lui.
Selon Alexandre Christoforou ( thee Duran) , même si les USA quittent l' Ukraine, Macron et Starmer enverront des troupes défendre Odessa si les russes décident de reprendre cette ville. Odessa est d' abord le seul véritable port de l' Ukraine et puis symboliquement, une victoire à Odessa équivaudra pour les européens à la victoire finale sur la Russie.
Les Français et les Anglais en armes à Odessa, c'est l'OTAN en Ukraine, exactement le motif de l'intervention des Russes. Difficile d'imaginer que ça se termine bien. Macron et Starmer sont tellement pro-américains qu'il viendraient prendre la relève de l'Oncle Sam ? Pour garantir à celui-ci l'accès aux ressources minérales ukrainiennes, risquer la guerre directe avec la Russie ? L'impossibilité pratique devrait faire obstacle à ce délire. Espérons.
Poutine étant un homme avisé détestant insulter l'avenir, ce pourrait être son cadeau aux Européens qui pourraient sauver la face...avant de reprendre le bizness comme avant.
Si une force franco-anglaise symbolique était déployée provisoirement à Odessa tandis que les troupes ukrainiennes évacueraient la région, cette évacuation deviendrait une victoire russe. Possible mais complexe.
Les franco-anglais à Odessa ? Foutaises et fariboles. Starmer est prisonnier de son narratif et Brigitte ne connait pas le dossier. On parle de quoi là ? Un corps expéditionnaire de 10-15,000 hommes ? Dont 4-5000 combattants ? Avec un support logistique qui pourrait durer un mois ou deux ? Et puis, si j'ai bien compris, c'est pas à Odessa que l'on se bat en ce moment, c'est au Donbass.
Deux pays nucléarisés militairement ne peuvent pas se faire face dans un conflit armé de haute intensité, c'est trop risqué. Surtout qu'en face, c'est la Russie qui se bat pour des raisons existentielles et qui ne lâchera rien. C'est pour cela que les USA utilisent l'Ukraine comme un proxy dans cette histoire sanglante. C'est aussi pour cette raison que les USA ne veulent pas servir de force d'interposition post conflit afin de représenter des garanties de sécurité sur l'avenir pour Kiev. Les garanties de sécurité pour Trump : c'est la reprise du business avec la Russie et pas d'entrée dans l'Otan concernant l'Ukraine.
La France est indépendante au niveau de son armement nucléaire. La sagesse voudrait que, depuis le début de ce conflit, nous aidions à trouver des solutions pacifiques pour ne pas nous retrouver face à face avec la Russie comme belligérant dans ce conflit. Se proposer comme force d'interposition en Ukraine est une hérésie surtout que la paix est encore loin d'être acquise. Comme partager notre parapluie nucléaire avec d'autres pays européens. On devrait dire à Trump : " Ne propose pas aux autres ce que tu t'interdis de faire pour des raisons de sécurité nationale, la France est dans la même impossibilité que vous sur ce sujet concernant le dossier ukrainien". Mais Macron veut briller, cependant il changera d'avis, c'est comme reconnaitre officiellement un État palestinien.
Il existe un contre-exemple, le cas du Pakistan, de l'Inde et de la Chine, trois puissances nucléaires qui se sont déjà tapés dessus à plusieurs reprises. Mais ils ont l'air plus sage que nous sur ce sujet, ils ont pris certaines habitudes afin de s'empêcher de provoquer des escalades incontrôlables.
Très bon article de ‘‘Big Serge’’ – pour qui la question ukrainienne se réglera militairement. Des analyses éclairées par de bonnes cartes.
RépondreSupprimerhttps://bigserge.substack.com/p/ukraine-fighting-to-the-conclusion
Une remarque latérale mais importante de ‘‘Big Serge’’ : « les drones ont permis d’envelopper verticalement les forces ennemies [ukrainiennes dans le saillant vers Koursk], isolant les groupes de première ligne avec une surveillance persistante sur les routes d’approvisionnement. C’était une caractéristique qui manquait largement à Bakhmut, où les forces russes utilisaient encore préférentiellement l’artillerie à tubes.»
Donc les Russes ont appris, pour certaines actions, à privilégier les drones sur l’artillerie (sans abandonner celle-ci !). Une bascule effectuée en quelques mois : leur industrie a pu suivre. Les canons type Caesar, qui changent d’emplacement après quelques tirs, ont sans doute encore leur pertinence. Mais, s’ils peuvent être repérés puis détruits avant d’avoir tiré, l’avantage qu’ils confèrent se trouve réduit. Côté occidental, la même bascule n’a bien sûr pas été effectuée. De ce côté, le manque de missiles hypersonique n'est pas la seule carence.
Noter que la réflexion tactique et stratégique de ‘‘Big Serge’’ recoupe celle de Sylvain sur ce blog.
SupprimerLa bascule n'a pas "encore" été faite pour la simple raison que c'est l'occident qui a initié la révolution des drones. Dans les premiers mois de cette guerre presque personne ne parlait de drones, uniquement d'artillerie, d'AD et d'atgm. On riait même des drones Turcs si efficaces en Arménie et quasi neutralisé là.
SupprimerMais c'est avec l'utilisation massive des drones que les Ukrainiens ont paralysé les Russes.
Les Russes ont dû s'adapter, c'est bien, mais ils ne sont pas les initiateurs de cette révolution.
L'occident n'a pas à faire de bascule, il est déjà pleinement dans cette course là où il avait une belle avance.
Servi par un ISR sans commune mesure avec son concurrent russe qu'il domine de la tête et des épaules.
Attention à ne pas commettre les mêmes fanfaronnades dedaigneuses et fallacieuses que les propagandistes russophobes.
Effectivement cela fait des années qu'il est question de drones d'attaque en Occident, et d'attaques en essaim. La théorisation est abondante, mais très science fiction. Les USA ont certes multiplié les assassinats ciblés au moyen de drones sous Obama. Mais c'est d'autres machines qui sont employées sur le champ de bataille. Qu'en est-il de la disponibilité de ces matériels spécifiques en Occident ? S'ils existaient sur étagère et prêts à l'emploi, ils auraient déjà été employés en Ukraine. La Russie s'est rendue capable d'en disposer en quantité industrielle, de les tester et améliorer en continu. Elle a donc pris un avantage si elle devait affronter l'Occident. Pour combien de temps ? C'est une autre question.
SupprimerA partir de l'intervention américaine en Afghanistan de 2002 dès suites du 11 septembre 2001, le drone a pris toute sa part dans les forces militaires occidentales. Il suffit de lire les témoignages des pilotes de chasse occidentaux envoyés en Afghanistan et en Irak durant les années 2000.
SupprimerBon nombre ont failli télescoper du drone dans les zones de combat.
Barack Obama est le président américain ayant le funeste record des dommages collatéraux infligés sur des populations civiles dès suites des frappes de drone.
L'affaire Édouard Snowden l'atteste ou l'affaire WikiLeaks avec Julian Assange.
Nous, on s'y est vraiment mis à partir des années 2010 avec l'opération Serval au Mali. Les gigantesques espaces à surveiller dans la bande sahélo saharienne nécessitait l'usage impératif du drone.
A ce titre un escadron de drones fut créé dans notre armée de l'air, le 1/33 Belfort basé à Cognac équipés de drones US MQ-9 Reaper.
Au départ on s'interdisait de les utiliser pour balancer des bombes guidées, on ne les utilisait que pour faire de la reconnaissance. Par la suite on s'est mis à la doctrine américaine car cela coûte moins cher d'envoyer du drone sur place que des avions de combat avec des citernes volantes. Le chasseur d'attaque au sol restant indispensable dans l'urgence d'une situation car le drone se déplace plus lentement pour intervenir. Ainsi, le drone et l'avion de chasse sont devenus complémentaires.
Guerassimov explique l'usage du drone dans sa doctrine de la guerre hybride de 2013. Les russes en fabriquaient, ils les utilisent en Syrie à partir de 2015.
Les ukrainiens fournissaient les moteurs pour les drones lourds Bayraktar turcs et en possédaient 50 avant le début des hostilités.
Le drone était inconnu pour personne en réalité, l'idée date de la première guerre mondiale, les premières réalisations de la seconde.
Le drone remplace le vide démographique militaire de nos civilisations occidentales. Les formations des équipages de droniste sont moins chères à financer et durent moins longtemps que la formation d'un pilote de chasse.
Le coût d'exploitation d’une armée équipée avec des drones est sans commune mesure avec le coût d'une armée traditionnelle qui n'en serait pas équipée. Il est devenu un couteau suisse idéal et indispensable en réalité.
L'avenir grâce aux nouvelles technologies est devant lui.
Selon Alexandre Christoforou ( thee Duran) , même si les USA quittent l' Ukraine, Macron et Starmer enverront des troupes défendre Odessa si les russes décident de reprendre cette ville. Odessa est d' abord le seul véritable port de l' Ukraine et puis symboliquement, une victoire à Odessa équivaudra pour les européens à la victoire finale sur la Russie.
RépondreSupprimerLes Français et les Anglais en armes à Odessa, c'est l'OTAN en Ukraine, exactement le motif de l'intervention des Russes. Difficile d'imaginer que ça se termine bien. Macron et Starmer sont tellement pro-américains qu'il viendraient prendre la relève de l'Oncle Sam ? Pour garantir à celui-ci l'accès aux ressources minérales ukrainiennes, risquer la guerre directe avec la Russie ? L'impossibilité pratique devrait faire obstacle à ce délire. Espérons.
SupprimerPoutine étant un homme avisé détestant insulter l'avenir, ce pourrait être son cadeau aux Européens qui pourraient sauver la face...avant de reprendre le bizness comme avant.
SupprimerSi une force franco-anglaise symbolique était déployée provisoirement à Odessa tandis que les troupes ukrainiennes évacueraient la région, cette évacuation deviendrait une victoire russe. Possible mais complexe.
SupprimerLes franco-anglais à Odessa ?
SupprimerFoutaises et fariboles.
Starmer est prisonnier de son narratif et Brigitte ne connait pas le dossier.
On parle de quoi là ?
Un corps expéditionnaire de 10-15,000 hommes ?
Dont 4-5000 combattants ?
Avec un support logistique qui pourrait durer un mois ou deux ?
Et puis, si j'ai bien compris, c'est pas à Odessa que l'on se bat en ce moment, c'est au Donbass.
Deux pays nucléarisés militairement ne peuvent pas se faire face dans un conflit armé de haute intensité, c'est trop risqué. Surtout qu'en face, c'est la Russie qui se bat pour des raisons existentielles et qui ne lâchera rien.
SupprimerC'est pour cela que les USA utilisent l'Ukraine comme un proxy dans cette histoire sanglante. C'est aussi pour cette raison que les USA ne veulent pas servir de force d'interposition post conflit afin de représenter des garanties de sécurité sur l'avenir pour Kiev. Les garanties de sécurité pour Trump : c'est la reprise du business avec la Russie et pas d'entrée dans l'Otan concernant l'Ukraine.
La France est indépendante au niveau de son armement nucléaire. La sagesse voudrait que, depuis le début de ce conflit, nous aidions à trouver des solutions pacifiques pour ne pas nous retrouver face à face avec la Russie comme belligérant dans ce conflit. Se proposer comme force d'interposition en Ukraine est une hérésie surtout que la paix est encore loin d'être acquise.
Comme partager notre parapluie nucléaire avec d'autres pays européens.
On devrait dire à Trump : " Ne propose pas aux autres ce que tu t'interdis de faire pour des raisons de sécurité nationale, la France est dans la même impossibilité que vous sur ce sujet concernant le dossier ukrainien".
Mais Macron veut briller, cependant il changera d'avis, c'est comme reconnaitre officiellement un État palestinien.
Il existe un contre-exemple, le cas du Pakistan, de l'Inde et de la Chine, trois puissances nucléaires qui se sont déjà tapés dessus à plusieurs reprises.
Mais ils ont l'air plus sage que nous sur ce sujet, ils ont pris certaines habitudes afin de s'empêcher de provoquer des escalades incontrôlables.