USA : le discours de Trump au Congrès (TIME)
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Par Philip Elliott
Dans un discours très attendu devant une session conjointe du Congrès mercredi, le président Donald Trump a présenté un programme ambitieux pour son second mandat, s’appuyant sur un Parti républicain uni qui contrôle désormais les deux chambres du Capitole. Avec des promesses de restrictions sévères en matière d’immigration, de nouveaux tarifs commerciaux et une réduction drastique des réglementations fédérales, Trump a cherché à capitaliser sur sa victoire électorale de novembre et à éviter les faux pas qui avaient entravé ses premières années lors de son premier mandat.
« Nous avons un mandat clair du peuple américain », a déclaré Trump depuis le podium de la Chambre des représentants, sous les applaudissements des législateurs républicains. « Ils ont voté pour des frontières sécurisées, des emplois américains et un gouvernement qui travaille pour eux, pas contre eux. »
Le discours de Trump intervient dans un contexte de division nationale persistante. Dehors, des milliers de manifestants démocrates se sont rassemblés devant le Capitole pour dénoncer son retour au pouvoir, brandissant des pancartes proclamant « Pas mon président » et « Défendez la démocratie ». À l’intérieur, les démocrates du Congrès, désormais en minorité, sont restés largement silencieux, certains boycottant carrément l’événement.
Un Congrès à sa disposition
Contrairement à son premier mandat, où les luttes internes au GOP et une Chambre dirigée par les démocrates avaient freiné nombre de ses initiatives, Trump bénéficie aujourd’hui d’un contrôle républicain total sur le pouvoir législatif. Avec une majorité de 53-47 au Sénat et une avance confortable à la Chambre, les alliés de Trump sont prêts à faire avancer rapidement son programme.
Le sénateur Mitch McConnell (R-Ky.), reconduit dans son rôle de leader de la majorité au Sénat, a promis une action rapide sur les priorités de Trump. « Le président a présenté une vision audacieuse, et nous sommes prêts à la concrétiser », a déclaré McConnell aux journalistes mardi.
Parmi les premières mesures envisagées figurent une refonte majeure du système d’immigration, comprenant des financements pour étendre le mur frontalier avec le Mexique et des restrictions plus strictes sur l’asile. Trump a également appelé à des tarifs douaniers généralisés — qu’il a qualifiés de « taxe sur l’Amérique d’abord » — visant les importations en provenance de Chine et d’autres pays, dans le but de renforcer la production intérieure.
Réactions mitigées et défis à venir
Si les républicains ont applaudi les propositions de Trump, les critiques avertissent que ces politiques pourraient déclencher des guerres commerciales et perturber les marchés mondiaux. Les démocrates, quant à eux, ont dénoncé ce qu’ils qualifient de programme « extrémiste » qui nuira aux travailleurs et aux minorités.
« C’est une feuille de route pour le chaos économique et l’injustice sociale », a déclaré la présidente de la Chambre sortante, Nancy Pelosi (D-Calif.), qui a assisté au discours malgré les appels de certains progressistes à le boycotter. Pelosi, qui ne dirigera plus la minorité démocrate à la Chambre, a ajouté que son parti continuerait à s’opposer à Trump « à chaque étape ».
Les analystes politiques estiment que Trump devra faire preuve de discipline pour maintenir son élan. Lors de son premier mandat, les distractions — comme les controverses sur Twitter et les enquêtes — avaient souvent détourné l’attention de ses objectifs politiques. Cette fois-ci, avec une équipe de transition plus expérimentée et un Congrès aligné, il pourrait avoir une fenêtre unique pour obtenir des résultats.
L’ombre de Biden
Planant au-dessus du discours de Trump se trouvait l’héritage du président sortant Joe Biden, dont le mandat s’est achevé dans l’amertume après une défaite électorale cinglante. Trump n’a pas manqué l’occasion de critiquer son prédécesseur, accusant Biden d’avoir « abandonné les travailleurs américains » et d’avoir laissé les frontières « grandes ouvertes ».
La Maison Blanche de Biden n’a pas répondu directement aux remarques de Trump, mais un porte-parole a déclaré que le 46e président était « fier de son bilan », qui inclut des investissements massifs dans les infrastructures et les énergies propres. Pourtant, les démocrates font face à une période d’introspection alors qu’ils luttent pour se regrouper après avoir perdu le contrôle de Washington.
Une nation divisée regarde vers l’avenir
Alors que Trump prenait la parole, les divisions de l’Amérique étaient pleinement visibles. Les chaînes conservatrices comme Fox News ont salué le discours comme un « retour triomphal », tandis que MSNBC l’a qualifié de « sombre et vindicatif ». Sur les réseaux sociaux, les hashtags #Trump2025 et #Resist ont dominé les tendances, reflétant la fracture entre les camps.
Pour l’instant, Trump semble déterminé à tirer parti de sa victoire. À la fin de son discours, il a promis de « ramener l’Amérique à sa grandeur, plus forte que jamais ». Mais alors que les manifestations se poursuivaient à l’extérieur et que les démocrates tramaient leur opposition à l’intérieur, une chose était claire : les batailles politiques des quatre prochaines années ont déjà commencé.
Traduction : Veille Stratégique
Source : https://time.com/7264618/trump-speech-congress-2025-republicans-immigration-tariffs-biden-democrats-protest/
Les « taxes sur l’Amérique d’abord » de Trump vont entraîner une forte inflation, notamment du prix des voitures, du carburant, du bois (construction et PQ), de certains alcools. Exactement ce qui peut atteindre l'électorat trumpien dans sa vie quotidienne. Peut-être le choix était-il entre ces mesures et ne rien faire. Mais la prise de risque politique est évidente.
RépondreSupprimerLe but des taxes douanières trumpiennes est de faire revenir les entreprises américaines et occidentales sur le sol américain au plus vite et de ralentir la croissance chinoise.
SupprimerLes démocrates ont utilisé Nord Stream pour réaliser cet objectif en Europe.
En attendant, vouloir faire du protectionnisme sans avoir l'industrie pour se faire dans l'immédiat, c'est mettre la charrue avant les bœufs et donc créer des problèmes inflationnistes en retour dans le pays.
Inflation des produits manufacturés étrangers, soit, mais celui du carburant et du bois ? Le pays est plus qu’autosuffisant puisque exportateur dans ces domaines (plus celui du gaz naturel). Même conséquences que pour les restrictions contre la Russie, légère inflation mais qui permet de lancer ou relancer toute une industrie et économie.
SupprimerDeux problèmes demeurent.
Supprimer1) l'approvisionnement en métaux rares et précieux, la Chine en a bloqués à destination des USA.
2) La main d’œuvre qualifiée, faudra en importer, l'université américaine ne forme plus grand monde en ingénierie.
Pour le carburant et le bois, les USA fonctionnent avec le Canada. Les capacités en raffinage du pétrole sont partagées. Actuellement.
Supprimer@Ane
SupprimerFonctionner avec ne signifie pas être dépendant. Vu les surfaces de bois dans les 2 pays, et leur isolement par rapport au reste du monde (le bois est de sa spécificité en poids et volume une matière spécifique et coûteuse en transport, plus simple de commercer avec les voisins), de même les capacitės de raffinage partagées ne peuvent subir d hausse de taxes douanières unilatérales.
En fait j’ai un peu l’impression que Trump réalise que les mesures de rétorsion contre une puissance majeure aux ressources énergétiques et en matières premières sont un sacré outil en terme de développement industriel et plus généralement économique…
Le problème de fond reste leur attitude méprisante face au monde. Peu importe le camp, cela fonctionnera de moins en moins en prenant les gens de haut.
RépondreSupprimerPour attirer les gens vers soi, il faut déjà être attirant, les USA n'attirent plus comme avant. Ce n'est pas le cas de Donald car Trump est clivant, c'est Mister Jekyll et Mister Hyde. Il n'y aura jamais de cicatrisation en interne ou en externe avec un tel personnage. Par contre, il arrivera à certaines de ses fins si Vance reprend le relais.
Le monde a changé, on l'a vu dans le bureau ovale, faut s'y reprendre à plusieurs fois.
Kiki, le clébard docile et servile est rentré à la niche, mais il a fallu se fâcher.
Cela a généré des vagues de protestations à travers le monde occidental, même du boycott sur des produits américains alors qu'on a l'habitude de voir l'inverse, comme chez nous en 2003 quand on a refusé de retourner en Irak pour des armes de destruction massive qui n'existaient pas.
Avant, la majeure partie de ces combats d'arrière garde se passait dans l'arrière cour, on ne voyait pas les vagues à notre niveau. C'est la société du spectacle qui n'embellit pas les choses en réalité. Pire, cela désacralise les fonctions et les responsabilités, on le voit avec ce qui nous sert de président tous les jours et encore ce soir à 20 h 00 pour nous faire peur pour la énième fois. Mais on explique rien, donc cela ne sert à rien.
On arrivera un jour à la phrase du général de Gaulle : "Les américains finiront par se faire détester par le monde entier". J'ajouterai l'Occident compris.
De la même façon Israël, c'est pourquoi en 1967 de Gaulle arrête les relations avec ce pays qui ne génère que des tracas pour les nations qui veulent aider l’État scabreux.
C'est le cas de l'Ukraine d'aujourd'hui qui est devenue une véritable impasse, un puits sans fond, un sparadrap, c'est à dire un piège à cons. On comprend que Trump désire ardemment se tirer de ce bourbier laissé par ses prédécesseurs qui n'ont cessé de l'empêcher d'exercer lors de son premier mandat.