SYRIE : SITREP du 14 décembre 2024 à 13 h (GMT+1) (Rybar)


 Des combats sporadiques se poursuivent au nord-est de la province d’Alep entre l’« Armée nationale syrienne » (ANS), soutenue par la Turquie, et les « Forces démocratiques syriennes » (FDS), à majorité arabo-kurde.

▪️ Après la prise de la ville de Manbij et des localités environnantes, les factions de l’ANS ont occupé sans résistance le barrage de Tishrine, une infrastructure clé pour l’approvisionnement en eau et en électricité de la région. Cependant, elles s’en sont retirées peu après.

Ce barrage relie également Manbij à la ville d’Aïn al-Arab (connue sous le nom de Kobané par les Kurdes), contrôlée par les FDS. C’est sur cette localité que les forces pro-turques concentrent désormais leur attention.

Contexte : La Turquie prépare une opération militaire visant à débarrasser Aïn al-Arab de la présence des FDS, comme nous l’avons déjà mentionné (source). L’artillerie et les drones turcs ciblent activement les positions kurdes, tandis que des renforts turcs sont déployés quotidiennement dans le nord de la Syrie.

▪️ Pourquoi Kobané ? Cette ville a une importance symbolique pour les FDS, car elles y ont repoussé les djihadistes de l’État islamique (EI). La population, majoritairement kurde, est peu susceptible d’accueillir favorablement les « libérateurs turcs ».

▪️ À l’inverse, Manbij, majoritairement arabe, a été une prise relativement facile pour l’ANS. La population locale a en quelque sorte contraint les FDS à se replier vers des positions stratégiquement plus avantageuses à Aïn al-Arab. Les Kurdes devraient y opposer une résistance plus déterminée.

Cette situation pourrait avoir poussé la Turquie, qui s’appuie traditionnellement sur ses formations d’opposition affiliées, à renforcer ses troupes en Syrie. Il n’est pas exclu que ses forces terrestres participent aux combats pour Aïn al-Arab.

Tensions politiques : Pendant que la Turquie et ses alliés se préparent à une opération militaire, le gouvernement de Damas semble adopter une autre approche à l’égard des Kurdes. Selon des médias kurdes, des négociations seraient en cours entre les FDS et Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sur un processus politique.

Ces discussions ont été indirectement confirmées (source) par le commandant des FDS, Mazloum Abdi, qui a reconnu le « drapeau de la révolution » comme national et exprimé sa volonté d’envoyer une délégation à Damas pour discuter de l’intégration de l’administration kurde dans le gouvernement syrien.

Reste à savoir si l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie parviendra à un accord avec les autorités syriennes et quelles en seront les répercussions sur les actions militaires de la Turquie. Nous en saurons davantage prochainement.

Traduction : Veille Stratégique

Source : https://t.me/rybar/66350

Commentaires

  1. Vu ici : https://x.com/CdricLabrousse/status/1867877798892745018
    Détail de l’accord très important signé entre le gouvernement de Damas, lié à HTS, et l’AANES et les FDS : les quartiers #kurdes d’Alep (Sheikh Maqsoud et Ashrafiyah) restent sous contrôle des YPG locales. Qui sont autorisées à être ravitaillées et à conserver leurs prérogatives de sécurité.

    Autant dire que le travail de fond entre HTS et AANES / FDS est réel. De quoi humilier et enrager la Turquie. Mais aussi de rappeler, de la part de ces deux forces pourtant opposées, que la Turquie n’a rien à faire en #Syrie et doit partir. Les affaires intérieures de la Syrie sont désormais syriennes.

    Et cet accord va bien plus loin, puisqu’il s’étend à tout le nord-est syrien confirmé comme devant relever de l’AANES. Seule exigence d’HTS : le départ des kurdes non-syriens de la région, notamment ceux qui sont devenus cadres au sein des YPG. Cela sera fort possible.

    Rappelons ainsi que si la plupart des cadres actuels des YPG sont passés par les HPG et le PKK, ils sont... syriens. Et n’ont fait que revenir à partir de 2011. Au premier rang d’entre eux : Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS, vétéran lui-même du PKK et des HPG, et syrien de naissance. Le départ des non syriens n’affecterait donc pas du tout la chaîne de commandement des FDS.

    Et, symbolique, chers lecteurs et lectrices, ce dernier, chef des FDS aura eu quasiment une carrière parallèle à celle d’Abu Muhammad al-Julani au sens où ils ont tout les deux fui la Syrie dans les années 2000 pour se rendre, entre autres, en Irak. Et tous les deux sont revenus par la suite...

    RépondreSupprimer
  2. https://www.dedefensa.org/article/le-su-57-stealth-a-la-russe
    Autre article intéressant sur une louange de la philosophie du matériel militaire russe vu par les USA

    RépondreSupprimer
  3. https://blog.ecologie-politique.eu/post/Penser-la-democratie-des-autres
    Et un dernier. Un recul nous permet de voir que les gilets jaunes n'étaient pas très loin de la révolution syrienne à la différence que les syriens ont eu une volonté plus forte de s'émanciper du diktat.

    RépondreSupprimer
  4. Très précieuses informations ci-dessus. La Turquie n'a pas forcément fait une belle opération. Erdogan mérite d'être trahi. "Cheh !" disent les djeunes.

    Après tout, HTS cela signifie quelque chose comme Front de Libération du LEVANT et le pseudo Abu Muhammad al-Julani signifie qu'il vient du GOLAN. Donc les Israéliens auront du mal à être en paix avec la "nouvelle" Syrie, si toutefois elle parvenait à sortir de ses ruines et de la fureur religieuse au profit d'un juste combat.

    À suivre. C'est plus intéressant que le Vendée Globe et autant que la guerre en Ukraine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais, bon, le plus probable : l'islamisme et ses horreurs s'imposent en Syrie. Ensuite, le chaos.

      Supprimer
  5. Poutine peut il faire confiance au serpent Erdogan sur les bases russes en Syrie ? Erdogan peut faire du chantage, soit Poutine se plis aux caprices des turcs soit Erdogan envois les islamistes s' occuper des bases russes. ...........

    RépondreSupprimer
  6. Infos et point de vue reprises par Patrice Francesci ici:
    https://www.youtube.com/watch?v=djj7DvFGtdA

    RépondreSupprimer
  7. C'est Erdogan qui a les cartes en main, pour le moment.
    Parce qu'Erdogan connait très bien Poutine et Trump avec qui il avait réalisé un deal quand il était président lors de son premier mandat contre les kurdes. Trump voulant quitter la Syrie à la suite de ses discussions et abandonner la cause kurde.
    Erdogan s'appuie sur 240 millions de turcophone pour appuyer sa politique dans la région et dans le monde, ce n'est pas que la Turquie qui est concernée avec ses 85 millions d'habitants. Vous ajoutez les frères musulmans, la Turquie pactise avec du monde dans la communauté musulmane au Proche et au Moyen-Orient ainsi qu'en Afrique du Nord et en Asie avec sa langue.
    Erdogan agit parce que les réfugiés syriens ennemis du régime lui pause un problème de politique intérieur, comme Poutine avec le Donbass. Bachar est resté hermétique à toutes ses propositions ce qui énervait aussi les russes.
    Erdogan veut chasser les kurdes qui occupent les terres de l'ancien empire ottoman, au Nord de la Syrie, il ne rendra rien. Ces kurdes étant affiliés avec le PPK, les ennemis de l'intérieur pour Erdogan, faut s'en débarrasser à tout prix, profitons du bazar ambiant qu'on vient de créer.

    Depuis 2017, c'est à dire sous Trump, les USA avaient établi la loi César, celle qui interdit à la banque mondiale ou au FMI ou à tout autre pays de prêter de l'argent à la Syrie pour sa reconstruction. C'est la raison pour laquelle la Syrie est tombée en déliquescence au fil de ces dernières années. La date de réalisation du plan a été mûrement réfléchie, on est en passation de pouvoir à Washington, Erdogan en profite à fond mais il a dû déjà en parler à Trump pour préparer le terrain des futures négociations en 2025.

    Bachar est à Moscou avec sa famille très proche et pas avec tous ses proches familiaux qui composaient le régime. Son épouse ayant reçu au préalable des soins dans un hôpital moscovite avant le déclenchement de ces opérations.
    Poutine a refusé de le rencontrer quand il est arrivé, il est juste accepté pour le moment en Russie, on a juste fait le travail minimum du côté russe.
    La Russie tracte toujours sa présence en Syrie, rien n'est encore acté, cela va trainer un peu des pieds. Les russes vont avoir un autre problème de voisinage, les alaouites qui vont faire de la résistance face à HTS, la zone va être compliquée à sécuriser d'ici peu. Bachar s'était tourné plus vers l'Iran ces derniers temps, en oubliant un peu trop souvent les conseils diplomatiques russes, les rapports se sont dégradés en réalité.

    Le plan a dépassé les perspectives car HTS ne devait pas prendre Damas, c'est à cause des milices du Sud qui ont monté sur Damas qu'HTS est descendu jusqu'à la capitale syrienne. C'est un peu le problème, on devait faire peur à Bachar mais le plan ne prévoyait pas de le chasser du pouvoir automatiquement, on devait le forcer à pactiser avec Erdogan face à l'avance du HTS. Or le HTS n'est pas composé de groupes homogènes, le plan a dérapé.

    Quant à Israël elle est à l'origine du déclenchement du plan car elle est en collusion avec Ankara. Tel-Aviv active une zone tampon car le calme va être précaire avec son nouveau voisin djihadiste surtout que celui-ci a pris la capitale syrienne, ce qui n'était pas prévu dans le plan.

    L'Iran a lâché tous ses alliés dans la région. Elle se reconcentre sur elle même pour établir une autre politique désormais car elle a compris qu'elle n'avait rien à y gagner à supporter la cause palestinienne contre Israël ou des gazaouis, reste son partenaire yéménite. Elle prône un rapprochement avec l'Arabie Saoudite et d'autres acteurs locaux issus des BRICS. Elle veut retrouver du temps pour l'élaboration de son arme atomique et consolider ses nouvelles relations afin d'engager un nouveau rapport dans la région. Le Hezbollah est esseulé, le Hamas aussi, va falloir pactiser avec leur tortionnaire du quartier, plus le choix à présent.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés